Alors que la scène politique syrienne tente de se reconstruire après des années de guerre et de chaos, un tournant majeur pourrait s’opérer à Moscou. Le président russe Vladimir Poutine reçoit ce mercredi Ahmed al-Charaa, nouveau chef de l’État syrien depuis la chute de Bachar el-Assad.
Officiellement, il s’agit d’une visite de travail. Officieusement, elle pourrait être le théâtre d’une demande au retentissement historique : la remise de l’ancien président syrien à la justice de son pays, rapporte Reuters.
Une rencontre sous haute tension
Le Kremlin a confirmé la rencontre, la première entre les deux dirigeants. Mais derrière la façade diplomatique, une question délicate se pose : la Russie, longtemps protectrice du régime Assad, ira-t-elle jusqu’à livrer celui qu’elle a soutenu pendant plus d’une décennie ?
Selon une source syrienne citée par l’agence, Ahmed al-Charaa compte demander officiellement la remise de Bachar el-Assad. Une requête symbolique et risquée, autant pour Damas que pour Moscou.
Pour la Syrie, l’enjeu est de marquer une rupture nette avec l’ancien régime et de prouver à la population qu’un véritable renouveau politique s’amorce. Pour la Russie, en revanche, la question relève du dilemme : rompre avec un allié historique ou s’accrocher à un passé lourd de conséquences diplomatiques.
Le poids du passé
Ancien maître absolu de la Syrie, Bachar el-Assad a régné d’une main de fer depuis 2000, avant de voir son pouvoir s’effondrer au fil d’une guerre civile dévastatrice. Accusé de crimes de guerre, il s’est réfugié en Russie après la chute de son régime. Son nom reste associé à la répression, à l’exil et aux ruines d’un pays brisé.
Moscou à la croisée des chemins
Pour Vladimir Poutine, cette rencontre est un moment de vérité diplomatique. Accéder à la demande syrienne reviendrait à tourner la page d’une alliance stratégique et à assumer une part de responsabilité dans le conflit. Refuser, en revanche, serait perçu comme un signe d’attachement à un ordre révolu.
Derrière cette visite apparemment protocolaire, c’est tout l’équilibre des relations russo-syriennes qui se joue. Un test de fidélité, mais surtout un signal politique adressé au monde : la Russie choisira-t-elle la continuité ou la rupture ?
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