L’arrestation puis l’extradition précipitée du journaliste béninois Hugues Sossoukpè depuis Abidjan vers Cotonou, le 10 juillet 2025, continue de faire des vagues. Alors que les porte-parole des gouvernements béninois et ivoirien affirmaient une coordination bilatérale, de nouvelles révélations sèment le doute : le président Alassane Ouattara n’aurait pas été informé de l’opération.
Selon plusieurs sources concordantes, le chef de l’État ivoirien était en déplacement en France au moment des faits et n’aurait donc pas donné son aval. Pire, l’affaire aurait été montée et exécutée en dehors des circuits décisionnels de la présidence. Un officier de gendarmerie impliqué dans l’opération aurait d’ailleurs été interpellé, preuve du malaise provoqué au sommet de l’État.
Cette nouvelle donne change la lecture de l’affaire. Jusqu’ici, les autorités tentaient de présenter l’opération comme un acte de coopération entre États. Mais l’absence de validation présidentielle et les accusations de vice de procédure avancées par les avocats de Sossoukpè jettent une ombre sur la légalité et la légitimité de cette extradition express.
Pour rappel, Hugues Sossoukpè, ancien journaliste exilé au Togo, jouissait du statut de réfugié politique. Son interpellation à Abidjan, alors qu’il y participait à une activité officielle, et son renvoi au Bénin en moins de 24 heures, ont suscité une vague d’indignation dans la presse et au sein de la société civile.
Le député ivoirien Tiémoko Antoine Assalé a dénoncé une « violation grave du droit international » et un affront à la tradition d’hospitalité ivoirienne. Pour lui, ce cas ternit l’image d’un pays longtemps perçu comme terre d’accueil pour les exilés politiques africains.
En détention provisoire à Cotonou, Sossoukpè fait désormais face à plusieurs chefs d’accusation : incitation à la rébellion, harcèlement électronique, apologie du terrorisme. Autant de charges lourdes qui soulèvent des interrogations sur le véritable mobile de son arrestation.
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